Publié le 26 septembre, 2022 | par @avscci
0Actu dvd – Quatre films français récents
Dans le domaine du documentaire, Thierry Demaizière et Alban Teurlai procèdent au fil de leurs coups de cœur et passent volontiers d’un sujet à l’autre en restant guidés par une passion commune et communicative. Allons enfants s’attache ainsi à une expérience pédagogique singulière qui a conduit un lycée parisien à développer simultanément à son enseignement traditionnel une classe de hip-hop conçue comme une sorte d’unité d’élite, avec l’obligation pour ses membres de se distinguer par une scolarité sans reproches. Comme tous les films qui chroniquent une expérience compétitive, celui-ci prend un risque comparable au pari des danseurs auxquels il s’attache. C’est là où les réalisateurs réussissent à transcender leur propos en n’éludant pour autant aucun des enjeux inhérents à cette activité périscolaire hors du commun. Avec ce rôle dévolu au hasard et à l’incertitude lorsqu’on tourne ce type de documentaire. Sans filet.
Kung-fu Zohra de Mabrouk El Mechri repose intégralement sur la personnalité volcanique de son interprète, Sabrina Ouazani, révélée adolescente par Abdellatif Kechiche dans L’Esquive (2003). Sa nature et sa personnalité s’avèrent ici indissociables du personnage atypique qu’elle incarne : une ménagère malheureuse en ménage qui se mue en super-héroïne alternative pour répondre aux violences conjugales dont elle est victime, tout en sauvegardant l’image illusoire des parents idéaux chéris par sa fille. Il s’agit donc d’une authentique comédie de mœurs dotée d’un précieux supplément d’âme qui lui vaut aussi le statut inattendu d’œuvre engagée. Avec cette association originale d’un spectacle résolument populaire porté par une comédienne rayonnante et d’un discours audacieux mais toujours nécessaire sur le sujet tabou des féminicides que le cinéma a trop peu abordé jusqu’alors, sans doute de peur de rebuter le public. Avec la femme résiliente en héroïne des temps modernes.
Deuxième avatar d’une success story comme les affectionne le cinéma, La Revanche des Crevettes Pailletées donne l’occasion à Maxime Govare et Cédric Le Gallo de retrouver leur équipe de water-polo gay et de la confronter à l’homophobie la plus primaire dans une Russie reconstituée en… Ukraine. Ironie de l’histoire pour cette comédie de mœurs acide sortie au début de l’invasion russe qui lui confère a posteriori une authentique valeur ajoutée, en soulignant l’archaïsme des préjugés encore en usage dans cette partie de l’Europe où la différence constitue encore bien souvent un délit en soi. Les réalisateurs en profitent pour creuser leur sujet avec autant d’humour et d’émotion que d’audace.
Le dernier film de cette chronique, Murder Party, est également une comédie, doublée d’un whodunit, puisque le film se déroule presque intégralement dans un lieu unique, un manoir aux pièces multiples et aux cachettes innombrables dans lequel un meurtre a été commis. Comme le britannique (et récent) Coup de théâtre, Murder Party tente de trouver son équilibre entre la résolution d’une énigme qui aurait pu être imaginée par Agatha Christie et la parodie souriante. Une sorte de Cluedo revu par Amélie Poulain, où la qualité du cliché importe plus que l’épaisseur des personnages. Les couleurs sont vives, les rebondissements incessants, le casting aux petits oignons : un film du samedi soir en famille sympathique mais qui n’imprime pas vraiment durablement la mémoire.
Allons enfants Le Pacte
Kung-fu Zohra Gaumont
La Revanche des Crevettes Pailletées Universal Pictures Video
Murder party Blaq out