Critique

Publié le 10 septembre, 2024 | par @avscci

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A son image de Thierry de Peretti

Il serait sans doute temps de mettre les choses au point et d’admettre ce fait, pas assez claironné : Thierry de Peretti est l’un des meilleurs cinéastes français contemporains. Après son formidable Enquête sur un scandale d’État, le cinéaste revient en Corse, terrain privilégié de sa vie, ainsi que de ses deux autres longs métrages. A priori, il y revisite le terrain d’Une vie violente, en s’inscrivant à nouveau dans l’histoire de l’île, notamment ses épisodes sanglants liés au terrorisme. À ce niveau, l’auteur est d’ailleurs bien plus cinglant que dans ses œuvres précédentes. Il y porte un regard plus cruel et négatif sur les soldats de l’indépendance, sur leurs débordements. Le récit se déroule en un long flashback, démarrant sur un accident qui met abruptement fin à la vie d’une jeune femme photographe, © Pyramide Distribution longtemps en couple avec l’un de ces militants évoqués, et qui va traverser, parfois contre son gré, un demi siècle de luttes et de remous. Elle se raccroche à sa passion de la photographie, et le film entier semble tenir dans cette question visuelle et thématique du positionnement. Quelle place occuper par rapport à l’indépendantisme, au militantisme, à la violence, à l’engagement radical ? Comment photographier et regarder une histoire qui est aussi la sienne, sans qu’elle l’ait choisie ou revendiquée ? Un plan merveilleux du film, où la jeune femme tourne avec son appareil autour de son compagnon fuyant, illustre de manière très littérale cette approche et le principe de cette nouvelle preuve du talent flagrant de de Peretti.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Thierry de Peretti (2024), avec Clara-Maria Laredo, Marc Antonu Mozziconacci, Thierry de Peretti. 1h53.




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