Critique A l'ombre des filles d'Etienne Comar

Publié le 11 avril, 2022 | par @avscci

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A l’ombre des filles d’Étienne Comar

Un chanteur lyrique en crise accepte d’animer un atelier dans une prison pour femmes. Confronté à des détenues aux tempéraments parfois déconcertants, il met sa passion à leur service pour les aider à s’évader pendant quelques instants de leur solitude et de leur confinement. Mais il ne va pas pouvoir garder bien longtemps ses distances vis-à-vis de ces recluses pour qui il devient petit à petit davantage qu’un simple dérivatif, une planche de salut. La particularité de la confrontation mise en scène par Étienne Comar, qui fut naguère le producteur et le scénariste de Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, repose pour une bonne part sur une caractérisation particulière de chacune de ses protagonistes qui souligne à quel point elles forment moins une communauté soudée qu’une addition de névroses individuelles rassemblées dans un lieu de détention où l’individu est nié au profit du collectif, faute d’infrastructures psychologiques adaptées. Tout l’art de Comar consiste à dresser une passerelle fragile entre ces deux univers a priori hermétiques l’un à l’autre dont le contraste s’avère déterminant, même s’il ne donne confiance et courage qu’aux plus réceptives. Le réalisateur s’en remet pour cela à un aréopage d’interprètes féminines de très haute volée dont aucune n’est tout à fait où on l’attend, d’Hafsia Herzi à Agnès Jaoui. Et surtout, il prend soin de ménager leurs zones d’ombre sans jamais se sentir obligé de tout expliquer. Chacun y trouvera son compte. Sans complaisance ni effets artificiels. C’est la noblesse de ce film dépourvu de pathos, mais jamais de sensibilité.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge d’Étienne Comar (2020), avec Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Veerle Baetens. 1h46.




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