Critique A la folie d'Audrey Estrougo

Publié le 5 avril, 2022 | par @avscci

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A la folie d’Audrey Estrougo

De retour dans sa famille à l’occasion de l’anniversaire de sa mère, Manu se trouve confrontée aux démons de son enfance et notamment à sa sœur aînée, Nathalie, que son instabilité psychologique a empêché de prendre son indépendance. C’est avant même son biopic du groupe NTM, Suprêmes, qu’Audrey Estrougo s’est lancée dans ce film psychologique dont l’inspiration est très intime, bien qu’elle n’ait pas elle-même de sœur aînée mais un frère cadet. À la folie peut en ce sens être considéré comme un exutoire et sans doute l’œuvre la plus intime de cette réalisatrice autodidacte qui associe pour l’occasion deux jeunes comédiennes prodigieuses : Virginie van Robby, qui accomplit ici ses débuts, et Lucie Debay, actrice belge nommée récemment aux Magritte pour sa composition fantasque dans Une vie démente. À la folie dépeint un enfer familial dont tous les membres sont solidaires, qu’ils le veuillent ou non. La maladie n’y frappe pas que celle qui en est atteinte, mais contamine l’ensemble de son entourage proche, faute de soins adaptés. Au point de se demander parfois si la plus atteinte est la malade diagnostiquée plutôt que sa mère qui se refuse à la faire interner, comme semblerait le nécessiter sa fragilité mentale. Ici intervient la qualité de la direction d’acteurs, et plus encore d’actrices, dont témoigne Audrey Estrougo qui choisit par ailleurs de confier les rôles secondaires de ce film très personnel à des interprètes qu’elle connaît bien. Cette proximité explique pour une bonne part l’authenticité qui se dégage de ce portrait de groupe aussi vénéneux que profondément troublant.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Audrey Estrougo (2020), avec Virginie van Robby, Lucie Debay, Anne Coesens, Benjamin Siksou, Théo Christine. 1h22.




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