Critique Pour l'éternité de Roy Anderson

Publié le 9 août, 2021 | par @avscci

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Pour l’éternité de Roy Andersson

Roy Andersson occupe d’ores et déjà une place bien à part dans l’histoire du cinéma. Ne serait-ce que parce qu’il est l’un des derniers authentiques artisans du 7è Art. Il a renoncé au lendemain de ses deux premiers opus, A Swedish Love Story (1970) et Giliap (1975), à s’appuyer sur des histoires linéaires pour assembler les unes aux autres des vignettes qui reflètent sa philosophie désabusée de la vie. Un parti pris narratif affranchi de dialogue qui lui permet d’échelonner la fabrication de ses films sur des durées atypiques et de s’affranchir des contraintes économiques en tournant dans ses propres studios dès que ses moyens le lui permettent. Cette méthode unique a engendré à ce jour quatre longs métrages. Dans le dernier, Pour l’éternité, Lion d’argent de la mise en scène à la Mostra 2019, il assemble des saynètes anodines avec des allusions historiques pour souligner la folie du monde qu’il expose en abolissant la notion même d’espace-temps. À l’instar de ce pauvre type traînant une lourde croix dans les rues sous les quolibets de la population et les coups de fouet de ses tourmenteurs. Une image d’ailleurs récurrente dans l’œuvre d’un artiste ennemi de l’instinct grégaire et de ses réactions de masse. Il y a toujours un sens caché derrière ces représentations absurdes qui prêtent souvent à pleurer autant qu’à rire. Mais jamais Andersson ne conditionne notre regard. Il se contente de montrer et nous invite à méditer. Pour l’éternité est un joyeux joyau où tout semble possible, y compris qu’un couple d’amoureux vole au-dessus des villes…

Jean-Philippe Guerand

Om det oändliga Film suédo-germano-norvégien de Roy Andersson (2019), avec Martin Serner, Tatiana Delaunay, Anders Hellström 1h16.  




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