Publié le 5 août, 2021 | par @avscci
0Bonne mère de Hafsia Herzi
Il y a deux ans à peine, Hafsia Herzi signait un premier film d’une fraîcheur indicible dont elle était l’interprète principale et dont le titre résumait clairement l’enjeu : Tu mérites un amour. Changement total de braquet avec le deuxième, Bonne Mère, dont le personnage-titre, Nora (l’mperturbable Halima Benhamed) est une femme méritante qui use sa vie à la gagner, en veillant sur sa famille toujours au bord du gouffre, à la manière de la Fatima de Philippe Faucon Tandis que l’aîné est en prison, elle prend soin de sa belle-fille et de son petit-fils, mais aussi de la petite Maria qu’élève d’assez loin sa cadette sans toujours en avoir les moyens. Quant au benjamin, il s’use par procuration dans les jeux vidéo en compagnie de son neveu qui réussit autant que lui-même a échoué. Non seulement Hafsia Herzi a écrit seule le scénario de Bonne Mère, mais elle y démultiplie la richesse de son sujet en laissant la vie s’inviter généreusement au sein de cette chronique interprétée majoritairement par des non-professionnels, notamment lorsqu’il convient de donner un supplément d’âme à des scènes de groupe. Il n’y a pourtant aucun pathos dans la description qu’elle dresse de ces laissés-pour-compte pour lesquels l’ascenseur social semble toujours en panne. Seulement une humanité qui submerge tout sur son passage, avec en prime un discours audacieux sur la laïcité et l’intégration qui témoigne de la finesse et de l’intelligence d’une gamine née à Aubagne devenue aujourd’hui l’une des plus belles réussites du cinéma français, tant comme actrice que comme réalisatrice.
Jean-Philippe Guerand
Film français de Hafsia Herzi (2020), avec Halima Benhamed, Sabrina Benhamed, Jawed Hannachi Herzi, Mourad Tahar Boussatha. 1h39.