Publié le 12 août, 2020 | par @avscci
0Light of My Life de Casey Affleck
Acteur discret, mais associé à des films souvent sensibles, dont les déchirants Manchester by the Sea (2016) de Kenneth Lonnergan et A Ghost Story (2017) de David Lowery, le petit frère de Ben Affleck a réalisé en 2010 son premier long métrage, I’m Still Here, un faux documentaire sur la soi-disant reconversion de Joaquin Phoenix en rappeur. Le deuxième, Light of My Life, l’aura hanté quant à lui pendant près d’une décennie avant qu’il ne se décide à le filmer. C’est un road movie post-apocalyptique et minimaliste où un père désireux de sauver sa fille d’une pandémie qui frappe les femmes, la fait passer pour un garçon au fil d’un périple à travers des contrées hostiles. Comme ces prophéties que sont Les Fils de l’homme de P.D. James, adapté par d’Alfonso Cuarón en 2006, et La Route de Cormac McCarthy, porté à l’écran par John Hillcoat en 2009, ce huis clos à ciel ouvert va bien au-delà de son propos en s’imposant comme un formidable arrêt sur image de l’Amérique contemporaine, en l’occurrence ici celle de Donald Trump, avec son intolérance endémique, son repli sur des instincts primaires et aujourd’hui, dans un élan visionnaire, cette crise sanitaire accentuée par ses résurgences d’obscurantisme. Le film de Casey Affleck repose pour l’essentiel sur les mots qu’échangent cet homme et cette jeune fille, à travers des plans séquences qui n’ont pas peur de durer… parfois jusqu’à l’excès. À l’instar de la séquence d’ouverture du film qui constitue un pur moment de mise en scène. Light of My Life est en quelque sorte le négatif du cinéma de Roland Emmerich ou de Michael Bay, ces prophètes de malheur galvanisés d’effets spéciaux. Son invitation au voyage mérite qu’on s’y arrête.
Jean-Philippe Guerand
Film américain de Casey Affleck (2019), avec Casey Affleck, Anna Pniowsky, Elisabeth Moss. 1h59