Publié le 8 janvier, 2020 | par @avscci
0First love, le dernier yakuza de Takashi Miike
Et c’est le même vieux refrain qui se fait entendre à chaque nouvelle sortie du metteur en scène : Miike s’est-il enfin assagi ? Il suffit que sa dernière œuvre ne repousse pas les limites du montrable pour que les soupçons d’embourgeoisement surgissent, sans trop d’hésitations. Les traces d’un passé vigoureux, dont l’auteur ne se séparera jamais vraiment, et ne le souhaite sans doute pas. Dans les faits, First Love appartient à la catégorie (vaguement) respectable de l’œuvre de Miike. Cette sombre histoire de mafieux, de rivalités et de réactions en chaîne, propose une description de la pègre japonaise qui peut parfois rappeler l’ironie sanglante du Kitano de Aniki, mon frère. Ici aussi, une sorte d’hystérie globale s’empare de tous les personnages, provoquant, pour un motif relativement dérisoire, une suite de meurtres, de revanches et de trahisons, dont l’accumulation tourne à la comédie acide. Avec, au milieu de ce bruit et de cette fureur, deux êtres improbables : un jeune homme se croyant condamné, et une jeune femme exploitée, autant que traumatisée. Leur rencontre, au milieu de cette cacophonie littérale de tirs et de cadavres, dessine un étrange contrepoint romantique, surtout lorsque le cinéaste décide, contre toute attente, de donner une chance aux deux tourtereaux, de vivre leur histoire et une paix imprévue. L’assagissement du réalisateur est peut-être là, dans cette nouvelle volonté de ne plus seulement voir, dans le chaos, la folie, mais également la possibilité d’une autre vie.
Pierre-Simon Gutman
Hatsukoi. Film japonais de Takashi Miike (2019), avec Masataka Kubota, Nao Ohmori, Shôta Sometani. 1h38.