Publié le 26 avril, 2019 | par @avscci
0Un tramway à Jérusalem d’Amos Gitaï
Pour son nouveau film, GITAÏ a choisi un microcosme : la ligne de tramway qui part des quartiers palestiniens de Shuafat et de Beit Hanina, à Jérusalem-Est, et arrive au mont Herzl, à Jérusalem-Ouest. Un microcosme ? Un petit monde, un monde en petit, la réunion sur un espace donné des contradictions du monde en grand. Les gens croisent les gens : dans les années 80, une publicité française disait « une ville est faite de croisements ». Le film est une fiction. Mathieu Amalric, un touriste français accompagné de son petit garçon (Elias Amalric), est habité par les mots de l’athée Flaubert sur Jérusalem. Pippo Delbono, prêtre tourmenté, revient à Pasolini, incroyant hanté par la personne du Christ. Noa apparaît dans son propre rôle de chanteuse inspirée. Juifs, Arabes, se parlent, se sourient ou s’engueulent dans ce petit espace où la vraie violence n’est que potentielle, implicite. Le film est donc une utopie, au sens propre, ce lieu encore inexistant où le réalisateur a choisi de représenter ses personnages dans les limites d’une vie commune à peu près pacifique, civile. Chaque moment est chaleureux, intéressant. On voit que cette fois, le réalisateur a décidé de montrer l’espérance. De montrer qu’elle est synonyme de parole et d’échange pacifié. La juxtaposition de ces beaux moments laisse incertain cependant. Formellement l’artifice se fait trop sentir, au détriment de la beauté du propos. Le film était-il possible sous forme de documentaire ? On s’interroge et on regrette. Cette impossibilité est peut-être le sujet d’Un tramway à Jérusalem.
René Marx
Film israélien d’Amos Gitaï (2018), avec Mathieu Amalric, Noa, Yaël Abecassis, Pippo Delbono. 1h34