Publié le 8 mars, 2019 | par @avscci
0Exfiltrés d’Emmanuel Hamon
L’action de ce film se déroule au printemps 2015 et entrecroise divers destins dans le chaos. Certains qui partent pour la Syrie, d’autres qui cherchent à s’en échapper. Il y a certes un inévitable aspect état des lieux dans ce tableau de mœurs choral qui n’est pas sans évoquer Le ciel attendra (2016) de Marie-Castille Mention-Schaar, mais pour ses débuts, Emmanuel Hamon n’a cédé ni au confort rassurant de la comédie française ni au nombrilisme plus ou moins bien tempéré du cinéma d’auteur. L’option qu’il choisit ne manque ni d’ambition ni de panache. Elle se rapproche davantage d’un autre premier film sorti récemment : Une intime conviction dans lequel Antoine Raimbault s’est frotté lui aussi au principe de réalité à travers un sujet d’actualité. Sous influence de certaines séries télé contemporaines, Exfiltrés souffre évidemment de la comparaison avec Le Bureau des légendes, mais son point de vue est quelque peu différent. Venu du documentaire, son réalisateur fictionnalise de façon assez convaincante un sujet d’autant plus délicat qu’il brasse des problématiques toujours brûlantes. Sa réussite est de se placer constamment à hauteur d’homme, sans se lancer pour autant dans de grandes digressions politiques. Au moment où ce conflit semble se dénouer et où se pose la question épineuse du retour des transfuges occidentaux de Daesh, ce film ambitieux a le mérite de soulever des problématiques fondamentales en nous évitant autant que possible les jugements à l’emporte-pièce.
Jean-Philippe Guerand
Film français d’Emmanuel Hamon (2018), avec Finnegan Oldfield, Swann Arlaud, Charles Berling. 1h42.