Publié le 27 septembre, 2018 | par @avscci
0I feel good de Gustave Kervern et Benoit Délépine
C’est la rencontre d’un acteur et d’un lieu. Jean Dujardin peut tourner pour Scorsese ou Clooney et tenir sa parole quand il a promis de travailler avec Kervern et Delépine en leur tapant dans la main après une soirée cannoise en 2012. Le lieu, c’est une communauté Emmaüs près de Pau où sont passés des milliers de gens et où l’esprit de l’abbé Pierre est préservé depuis près de 40 ans. Dujardin interprète un paumé absolu, hâbleur, pas très malin, qui lit les mémoires de Bill Gates pour préparer son inéluctable avenir de milliardaire. Escroc à peu près inconscient, il tombe chez sa sœur (Yolande Moreau, pour son troisième film avec les deux compères cinéastes) qui régente ce village Emmaüs. Elle vit dans le réel quand son frère erre dans les brumes de ses mensonges de fanfaron. Mais le bravache est convaincant : il entraîne sœur et compagnons à l’autre bout de l’Europe pour un voyage illusoire. Dujardin est fidèle à Brice, à OSS : la réalité, pas si drôle, est mise en valeur, par la bêtise joyeuse, drôle, vantarde de ses personnages de comédie. Kervern et Délépine, libertaires, gais et mélancoliques, le promènent dans un monde dont ils révèlent les tares, les misères et les solutions chaleureuses qu’on y rencontre parfois. L’équilibre de tous ces univers est moins bien tenu que dans ces réussites parfaites qu’étaient Saint-Amour ou Near Death Experience. Mais l’aventure vaut largement le détour.
René Marx
Film français de Gustave Kervern et Benoit Délépine (2018), avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Lou Castel, Jean-Benoît Ugeux. 1h43.
Critique en partenariat avec l’ESRA.