Critique
Publié le 12 juillet, 2018 | par @avscci
0Dogman de Matteo Garrone
Un toiletteur pour chiens inoffensif accueille avec joie le retour d’un de ses amis un boxeur sorti de prison qui entreprend de racketter le quartier. Faute d’intervenir il se trouve confronté à un cas de conscience qui va le contraindre à sortir de sa réserve… On le sait depuis son film précédentLe Conte des contes Matteo Garrone goûte les fables leur fantaisie et leur morale. Avec Dogman le réalisateur italien tourne le dos au réalisme de Gomorra et revient à la stylisation de Reality. La communauté qu’il dépeint assume son pittoresque. Le lieu même qu’il a choisi tranche avec les décors habituels auxquels a pu nous habituer le cinéma transalpin au cours de sa riche histoire. L’action se déroule dans une station balnéaire de Campanie que le réalisateur avait déjà filmée dans son premier filmL’Embaumeur. Dès lors ses habitants semblent prisonniers de ce lieu isolé déserté des touristes. Garrone force le trait à dessein et évoque à travers ce tandem bancal formé par un paisible innocent et une brute épaisse le duo oubliable du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes. À ceci près qu’ici c’est le plus faible (l’étonnant Marcello Fonte primé à Cannes pour sa composition) qui défend le colosse (Edoardo Pesce) en qui il refuse de voir la bête immonde qu’il est devenu et qui met en péril la quiétude de cette communauté repliée sur elle-même. À travers ce conte sardoniqueGarrone dénonce la passivité et l’inaction généralisée d’une Italie en péril.
Jean-Philippe Guerand
Film italien de Matteo Garrone (2018) avec Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria. 1h42.
Critique en partenariat avec l’ESRA.