Publié le 2 juillet, 2018 | par @avscci
0Tully de Jason Reitman
Tully est (presque) pour Jason Reitman un retour aux sources : son deuxième film, Juno, ne brossait-il pas le portrait d’une ado enceinte décidée à garder son gamin en dépit de toutes les pressions de son entourage ? Ici la femme enceinte n’a plus vingt ans et sa grossesse n’a pas vraiment été désirée. Ayant déjà deux enfants sur les bras (et un mari passablement absent), notre héroïne en bave. Nous ne sommes pas ici tout à fait dans le même cas que pour Une femme heureuse ou Désobéissance, deux exemples récents (et réussis) de bovarysme tardif mettant en lumière des femmes au foyer qui comparent le grisâtre de leur vie conjugale aux couleurs vives du monde environnant. C’est Charlize Theron qui incarne cette femme au bord de la crise de nerfs. Elle y est absolument épatante, engoncée dans un corps trop lourd (ceux qui ne la connaissent que par la pub pour Dior seront surpris), comme un animal marin échoué sur la plage de ses regrets. Il faut dire que la comédienne semble prendre un plaisir particulier à jouer avec les courbes de son corps et les traits de son visage (qui le plus souvent provoquent fantasmes et sifflets d’admiration) : on se souvient de Monster, où elle était méconnaissable ! Mais Charlize Theron ne tient pas le rôle-titre : Tully (Mackenzie Davis) est la jeune fille qui vient la décharger d’une partie appréciable de son fardeau familial. Une relation peu commune se noue… Jason Reitman n’a pas l’habitude de livrer des films spectaculaires (à l’inverse de son père, Ivan), mais ils possèdent un charme fou, une finesse peu commune. Tully ne fait pas exception, qui s’insinue lentement mais surement en nous pour nous procurer un vrai plaisir de cinéma.
Yves Alion
Film américain de Jason Reitman (2018), avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston. 1h36.
Critique en partenariat avec l’ESRA.