Publié le 12 mars, 2018 | par @avscci
0Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa
On pourrait résumer le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa à une variation très personnelle autour du motif classique de l’invasion extra-terrestre destinée à s’emparer de la Terre. Comme souvent dans ce type d’histoire, les envoyés venus de l’espace ont d’abord pour mission de récolter des informations sur la planète, avant de procéder à l’extermination de la race humaine. Mais si l’Humanité est une « espèce assez ordinaire », elle a la mauvaise habitude de tout verbaliser, rendant difficile la tâche des envahisseurs qui cherchent à réunir des « concepts » propres à notre civilisation. Or, comment comprendre ce qu’est « l’amour », quand on vient de l’autre bout de la galaxie ?
Dans un récit riche et détaillé, non dénué d’humour, mais terriblement long et lent, le réalisateur japonais propose un film d’invasion peu spectaculaire qui cherche plus à capter ce qui fait la singularité de l’être humain qu’à montrer des combats l’opposant à des aliens aux supers pouvoirs. Le combat est en effet plus intérieur, si ce n’est introspectif, et esquisse un portrait à la fois touchant et peu flatteur de notre société irrationnelle où chacun se laisse guider par ses affects. Cela n’empêche pas une certaine tension, voire des scènes d’angoisse psychologique plutôt réussies lorsque de malheureux individus se font « voler » des concepts essentiels à leur survie, à l’image de l’empathie. Toutefois, Kurosawa ne peut s’empêcher de noyer l’aspect le plus captivant de son film dans des torrents de naïveté et de bons sentiments qui l’empêchent d’accéder à ce qui aurait pu être une œuvre véritablement métaphysique.
Marie-Pauline Mollaret
Sanpo suru shin’ryakusha. Film japonais de Kiyoshi Kurosawa (2017) avec Masami Nagasawa, Ryuhei Matsuda, Hiroki Hasegawa. 2h09.
Critique en partenariat avec l’ESRA.