Publié le 3 janvier, 2018 | par @avscci
0Critique – Coeurs purs de Roberto de Paolis
Une jeune fille élevée dans le strict respect de la foi catholique tombe amoureuse d’un garçon plus âgé qu’elle et parfaitement étranger à ses préoccupations. Derrière ce sujet, qu’on pourrait croire d’un autre âge, affleure un phénomène plus que jamais d’actualité dans l’Italie contemporaine, comme ont pu en attester récemment, et sur des registres différents, L’Affranchie de Marco Danieli, qui prend pour cadre les témoins de Jéhovah, et la comédie à succès Tout mais pas ça ! d’Edoardo Maria Falcone dans laquelle un fils de famille décide de devenir prêtre. L’habileté du premier film de Roberto de Paolis est de se livrer à une réflexion plus vaste sur le poids de la tradition au sein d’une société dont certaines communautés sont demeurées résolument hermétiques à l’évolution des mœurs. Comme le souligne son titre, Cœurs purs se place du côté des sentiments et se garde bien de porter le moindre jugement moral sur ses protagonistes ni a fortiori de les ridiculiser. La polémique n’est pas de rigueur. Sur le papier, la rencontre d’une adolescente qui a fait vœu de chasteté avec un voyou désireux de rentrer dans le droit chemin a de quoi laisser circonspect. Le traitement qu’impose à cette histoire Roberto de Paolis s’avère exemplaire par son refus systématique de la facilité et de la complaisance. Pas question de sombrer non plus dans la guimauve du mélodrame. Le mérite en revient à un scénario qui évite les excès et à des interprètes parfaitement crédibles sur un registre délicat.
Jean-Philippe Guerand
Cuori puri. Film italien de Roberto de Paolis (2017), avec Selene Caramazza, Simone Liberati, Barbora Bobulova. 1h54.