Publié le 3 janvier, 2018 | par @avscci
0Critique – Les heures sombres de Joe Wright
« Bigger than Life » : telle est l’expression qui semble définir le plus justement Winston Churchill. Au point que le cinéma l’a longtemps négligé, comme s’il ignorait par quelle face aborder ce géant dont les débuts furent évoqués naguère par Richard Attenborough dans le méconnu Les Griffes du lion (1972). L’été dernier sortait Churchill, un film américain consacré à sa réticence face au débarquement en Normandie qui reposait pour une bonne part sur le mimétisme fascinant de son interprète, Brian Cox, vis à vis de Sir Winston. Les Heures sombres adopte une stratégie qui s’apparente à celle du Promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian. Gary Oldman n’y ressemble pas davantage à son modèle que Michel Bouquet à François Mitterrand. C’est le travail du comédien qui nous persuade qu’il est bien le personnage. Le film de Joe Wright se concentre sur un moment historique crucial : celui où le Premier Ministre Neville Chamberlain doit s’effacer au profit de celui qui traîne comme un boulet le désastre des Dardanelles. Ironie du sort, le film évoque également l’évacuation des troupes britanniques récemment au cœur de Dunkerque de Christopher Nolan, mais vue d’Angleterre cette fois. Les Heures sombres est un Biopic terriblement efficace qui nous montre Churchill tel qu’on le fantasme. Qu’importe si la réalité historique est plus prosaïque que ce livre d’images flatteur. Le couple improbable formé par Gary Oldman et Kristin Scott Thomas contribue pour une bonne part à notre jubilation.
Jean-Philippe Guerand
Darkest Hour. Film britannique de Joe Wright (2017), avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Lily James. 2h05.