L’amour c’est surcoté de Mourad Winter
Derrière son titre faussement désabusé, L’amour c’est surcoté met en scène deux éclopés de l’amour qui ressemblent moins à des “célibattants” qu’à des “célibattus” d’avance. L’humoriste Mourad Winter, qui adapte ici son propre livre, s’en remet pour cela à deux natures pour le moins décalées qui savent jouer à merveille de leurs défauts et excellent à s’en servir comme une sorte d’armure à l’usage des importuns. Lui, c’est Hakim Jemili, aux antipodes de son emploi récent dans Le Routard et du registre burlesque dans lequel il excelle. Elle, c’est Laura Felpin qui creuse un sillon singulier sur le registre de “ Girl Next Door”. Or, c’est précisément par leurs menus défauts que vont se séduire mutuellement ces trentenaires que tous leurs couples d’amis invitent sans même plus escompter qu’ils finissent par rencontrer l’âme sœur. Dans L’amour c’est surcoté, le coup de foudre apparaît comme un poison à mèche lente, tant ses protagonistes ont appris à s’en méfier. On a beau avoir compris dès le début qu’il va se passer quelque chose entre eux, c’est le retard qu’ils ont par rapport aux spectateurs qui donne tout son sel à leur parcours du combattant amoureux. Or, c’est parce qu’ils se laissent peu à peu gagner par des sentiments auxquels ils feignaient d’être hermétiques que ces célibataires échaudés par leurs blessures affectives passées vont transiter par la case “copains” pour fendre l’armure malgré eux. Mourad Winter exploite à merveille cette situation sans jamais accabler ses personnages. Et là, c’est le charme atypique de Laura Phelpin et Hakim Jemili qui fait toute la différence.
Jean-Philippe Guerand
Film français de Mourad Winter (2024), avec Hakim Jemili, Laura Felpin, Benjamin Tranié, Abdulah Sissoko. 1h38.