La Réparation de Régis Wargnier
La Réparation signe le retour d’un metteur en scène que nous avions aimé pour son goût d’un romanesque en dehors de la mode. Après deux déceptions (La Ligne droite et Le Temps des aveux), il est heureux de retrouver un cinéaste qui renoue avec le romantisme qui a accouché de ses meilleurs films (Indochine, Une femme française). Le schéma dramatique de son nouveau long métrage est fort. Le chef d’un restaurant disparaît dans la forêt avec son second le jour où ils obtiennent une troisième étoile. Deux ans après, la fille du patron, qui était secrètement l’amante de son assistant, reçoit une invitation pour un congrès culinaire à Taïwan. Elle y comprendra le secret de son passé, tout en en gardant quelque chose d’irrésolu. Silhouettes énigmatiques, visages mystérieux, musique empathique, mouvements de caméra amples, amours passionnels, exotisme… De toute évidence, Régis Wargnier a retrouvé son inspiration et nous emporte dans son récit dont le thème principal est la transmission. Elle se fait ici par la gastronomie, où s’imprime un art de l’exigence, de la passion et de l’échange. Une belle idée fait battre le cœur du film : un absent uni des gens de goût, lesquels perpétuent son legs. Les dialogues sont parfois un brin explicatifs, mais servis par des acteurs tous convaincants. Julien De Saint-Jean impose en particulier un beau visage ténébreux, rappelant celui de Rufus Sewell. Aucune raison de ne pas profiter de ce film, en acceptant un cinéma au premier degré et rétif aux canons dominants.
Tancrède Delvolvé
Film français de Régis Wargnier (2025), avec Julia de Nunez, Clovis Cornillac, Julien De Saint-Jean, Louis-Do de Lencquesaing. 1h44.