Aimons-nous vivants de Jean-Pierre Améris
Le propos d’Améris, depuis son premier film en 1994, Le Bateau de mariage, en passant par Les Emotifs anonymes (2010) ou Marie Heurtin (2014), c’est toujours la question de la communication entre les êtres, semée d’embûches bien sûr. Mêlant force et délicatesse, il fait la chronique des victoires possibles sur la timidité. Il fait cette année le choix de la franche comédie pour continuer à traiter un sujet au fond parfaitement sérieux. Gérard Darmon est un crooner en fin de parcours, Valérie Lemercier une casse-pieds ouvertement inspirée du Francois Pignon qu’interprétait Jacques Brel dans l’immortel Emmerdeur de Molinaro en 1973. Les accompagne de loin Patrick Timsit, agent d’artistes à l’ancienne avec bureau poussiéreux et secrétaire maternante. Le personnage est inspiré de Levon Sayan, manager d’Aznavour pendant cinquante ans. Profitant du paysage pas si souvent filmé de la ville de Genève, Améris emporte habilement ses personnages de l’affrontement à la réunion. Il respecte en cela le schéma de la comédie hollywoodienne : ses acteurs et son scénario ont la puissance nécessaire pour faire rire et sourire comme il convient, c’est-à-dire en jouant le burlesque à partir des thèmes les plus graves. Mambo Italiano, que Darmon avait jadis emprunté à Dean Martin, ouvre le film et une succession de rebondissements scandés par des comédiens complices depuis longtemps. On rit beaucoup, même si on regrettera un peu une fin trop hâtive, qui ne couronne pas tout à fait l’habileté de l’ensemble du travail du cinéaste.
René Marx
Film français de Jean-Pierre Améris (2025), avec Gérard Darmon, Valérie Lemercier, Patrick Timsit, Alice de Lencqueseing. 1h30.