Critique

Publié le 22 janvier, 2025 | par @avscci

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Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin

Pierre arpente de nuit les voies de la SNCF, tout en élevant seul ses deux fils auxquels il a inculqué un certain sens moral. Jusqu’au jour où l’aîné est aperçu faisant le coup de poing avec des fascistes. Dès lors, il se met à douter et se demande comment faire comprendre au jeune homme qu’il avance sur une voie sans issue. L’avantage avec Vincent Lindon, c’est que son passé cinématographique plaide en sa faveur et que le personnage qu’il incarne dans le troisième film des sœurs Coulin s’inscrit dans la continuité des combattants qu’il a campés pour Pierre Jolivet ou Stéphane Brizé. Avec face à lui deux jeunes comédiens complices dans la vie : Benjamin Voisin et Stefan Crepon. Comme le souligne son titre, Jouer avec le feu, qui s’inspire du roman de Laurent Petitmangin Ce qu’il faut de nuit, montre à quel point la puissance des sentiments est dérisoire face à certaines influences extérieures. Ce film décrit l’endoctrinement comme un poison lent qui prospère dans les tribunes des stades, les démonstrations de rue et sur les réseaux sociaux. La mise en scène choisit toutefois d’adopter le point de vue du pater familias aimant qui ne discerne de la situation que ce qu’on lui en laisse apercevoir. Lauréat de la Coupe Volpi à la Mostra de Venise, Vincent Lindon nous offre son regard dépourvu de certitudes sur ce récit. Le dispositif choisi par les sœurs Coulin a beau être audacieux par sa subtilité et ses ellipses, il atteint sa limite au cours du dénouement à travers une volte-face surprenante qui est davantage imposée que justifiée. Comme si l’amour était le plus fort.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge de Delphine et Muriel Coulin (2024), avec Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon. 1h58.




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