Publié le 16 janvier, 2025 | par @avscci
0Par amour d’Élise Otzenberger
Le talent des acteurs ne se juge pas qu’à l’aune de leurs prestations, mais aussi à leurs choix. Cécile de France l’a compris qui tourne peu, mais le plus souvent à bon escient. Résultat : un itinéraire atypique dont chaque nouvelle étape revêt un sens véritable par rapport à la conception exigeante qu’elle se fait de son métier. Il y a un an tout juste, La Passagère la jetait en femme de pêcheur dans les bras d’un homme plus jeune qu’elle incarné par Félix Lefebvre. Dans Par amour, elle campe une mère attentionnée dont le fils aîné sujet à des voix mystérieuses est attiré irrésistiblement par l’élément liquide. Au point d’entrer dans son jeu pour conjurer cette attraction irrationnelle, sans vraiment se poser de questions sur la dangerosité de la situation ni tenter de la contrecarrer. Le titre du film résume son état d’esprit : elle agit ainsi… par amour. Son goût de l’étrangeté inscrit le deuxième long métrage d’Élise Otzenberger dans une certaine tendance du cinéma français qui saupoudre un quotidien a priori banal d’éléments fantastiques. Comme Just Philippot dans La Nuée, cette inconditionnelle de Steven Spielberg s’appuie sur un léger décalage de la réalité pour glisser progressivement vers une autre dimension, un peu dans l’esprit poétique de La Montagne de Thomas Salvador par son utilisation des éléments, en l’occurrence ici de l’eau. L’évolution du cinéma passe aussi désormais par l’abolition de la conception des genres traditionnels pour se laisser irriguer par de minuscules vaisseaux dont la conjonction finit par instaurer une atmosphère fascinante.
Jean-Philippe Guerand
Film français d’Élise Otzenberger (2024), avec Cécile de France, Arthur Igual, Darius Zarrabian, Navid Zarrabian 1h30.