Critique

Publié le 6 janvier, 2025 | par @avscci

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Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre de Shinnosuke Yakuwa

L’anime japonais est désormais un genre à part entière qui offre de multiples facettes. Parmi celles-ci figure une thématique mémorielle qui puise son inspiration pendant la Seconde Guerre mondiale, une période qui incarne le passage contraint et accéléré de la tradition à la modernité à travers la résistance féroce de l’Empire du Soleil Levant entre Pearl Harbour et les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Il y a tout juste un an, Hayao Miyazaki en faisait la toile de fond de son testament cinématographique, Le Garçon et le Héron. Associé jusqu’alors à plusieurs épisodes de la série à succès Doraemon, Shinnosuke Yakuwa a puisé simultanément dans un roman autobiographique de Tetsuko Kuroyanagi l’inspiration d’un autre film d’apprentissage, au féminin celui-là, couronné du prix Paul Grimault à Annecy. Les cinéphiles trouveront dans sa description de l’enfance des correspondances évidentes avec certains films traditionnels dont Gosses de Tokyo (1933) de Yasujirō Ozu. Le réalisateur y met en parallèle la tragédie nationale que vivent les adultes avec le havre de paix que constitue l’école Tomoe où les enfants sont protégés des fracas du monde extérieur par un directeur visionnaire qui n’a cure d’endoctriner ses élèves mais de les protéger de la barbarie ambiante. Totto- Chan, la petite fille à la fenêtre est en cela un film d’une grande subtilité qui réussit à passer du rire aux larmes, avec çà et là des séquences dont le réalisateur a choisi de confier l’illustration à des animateurs extérieurs afin qu’ils puissent y imprimer leur style sans trahir l’esprit de l’ensemble.

Jean-Philippe Guerand

Madoigwa no Totto-chan. Film d’animation japonais de Shinnosuke Yakuwa (2023), avec (voix) Liliana Ôno, Koji Yakusho, Shun Oguri, Anne Watanabe. 1h54.




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