Critique

Publié le 12 décembre, 2024 | par @avscci

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Vingt dieux de Louise Courvoisier

“ Vingt dieux ! ” C’est le cri du cœur de Totone quand il n’a plus de mots pour exprimer son étonnement, sa colère ou son enthousiasme. Alors quand ce coq de village buveur de bière et adepte des petits bals populaires se voit contraint de s’occuper de sa petite sœur, c’est comme si le Jura lui tombait sur la tête. Faute de compétences clairement définies, ce glandeur professionnel se lance dans une véritable croisade en se mettant en tête de confectionner le meilleur comté de la région pour remporter le concours agricole. La réalisatrice ne se met jamais en surplomb. Pour son premier film, couronné notamment du prix Jean Vigo et du prix de la jeunesse à Cannes qui soulignent sa fraîcheur, Julie Courvoisier a choisi le registre de la comédie de caractères dans un cadre trop peu représenté à l’écran. Elle procède à petites touches et avec une tendresse communicative pour ses personnages à la poursuite d’un rêve trop grand pour eux qui va toutefois avoir l’insigne mérite de les faire grandir. La justesse du casting est l’un des atouts majeurs de ce conte initiatique souvent désopilant. Difficile de résister à la gouaille de Clément Faveau, à mi-chemin entre le Jean-Pierre Léaud révolté des Quatre Cents Coups et les adolescents des films de Bruno Dumont, avec en contre-point le bon sens malicieux de la petite Luna Garret. Et puis, il y a cette scène de séduction déjà d’anthologie entre le petit macho et sa conquête bien déterminée à jouir (Maïwène Barthelemy) qui apparaît comme une tentative de réécriture du nouveau désordre amoureux où les partenaires sont enfin à égalité.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Louise Courvoisier (2024), avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret. 1h30.




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