Critique

Publié le 12 décembre, 2024 | par @avscci

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Fotogenetico de Marcia Romano et Benoît Sabatier

Voici un film qui brandit sa différence comme un étendard. Un quinqua un peu gauche débarque à Marseille où sa fille est morte pour tenter de recoller les morceaux en compagnie des filles avec lesquelles elle jouait dans le Girls Band Fotogenico. Cohabitation pittoresque en forme de rédemption où rien n’est vraiment orthodoxe. Entre ce père pas vraiment doué pour cet emploi et ces filles qui apparaissent comme autant d’alternatives possibles de celle qu’il n’a pas su protéger de ses démons s’instaure une étrange complicité post mortem. Fotogenico est né de l’union de la scénariste Marcia Romano, associée à des films tels que La Tête haute (2016) et L’Evénement (2022), et le critique musical Benoît Sabatier avec qui elle clôt ici une “petite trilogie marseillaise” qui comptait déjà Le Moral des troupes (2015) et Amore synthétique (2016) dont l’exploitation est demeurée plutôt confidentielle. Un projet qui séduit par la confusion délibérée qu’il entretient entre la gravité de son travail de deuil et la légèreté de son traitement accentuée par un casting disruptif et des pointes d’humour parfois baroques. Le film est indissociable de son personnage principal, Raoul, ce grand escogriffe au regard doux que campe Christophe Paou, l’assassin de L’Inconnu du lac (2013) d’Alain Guiraudie. Face à lui, Roxane Mesquida, l’ex- muse de Quentin Dupieux, et Angèle Metzger, vue récemment chez Bertrand Mandico. Il émane de ce film faussement foutraque sélectionné par l’Acid au Festival de Cannes une bizarrerie attachante qui finit par nous envahir d’une émotion jamais artificielle.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Marcia Romano et Benoît Sabatier (2024), avec Christophe Paou, Roxane Mesquida, Angèle Metzger. 1h36.




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