Publié le 5 décembre, 2024 | par @avscci
0Conclave d’Edward Berger
Le cinéaste allemand Edward Berger, auteur en 2022 d’un À l’Ouest rien de nouveau diffusé sur Netflix, réalise cette production anglo-américaine. Le pape est mort, un nouveau pape est appelé à régner, comme dans un vieux calembour. Tout le film se déroule dans les arcanes du vote difficile des cardinaux cloîtrés, sans leur téléphone portable. Les acteurs sont impeccables, ceux qui jouent les bons, ceux qui jouent les méchants et même ceux qui jouent ceux qui sont peut- être l’un ou l’autre. On brasse des sujets très sérieux, le progressisme dans l’Eglise, la place des conservateurs et des rétrogrades, les révolutions dans le genre. La masculinité dominante finira-t-elle par être rattrapée ? Sur ces sujets importants, on ne va pas bien loin. Mais devant ce scénario de thriller politico- farfelu, traité avec un sérieux imperturbable et un grand sens des rebondissements feuilletonesques, le spectateur sortira d’excellente humeur. Ça ne veut pas dire grand-chose, ni du point de vue religieux, ni du point de vue moral, mais c’est très agréable à regarder, ça pétille dans tous les sens, scènes de bravoure, drames de couloir, roulements d’yeux d’un Sergio Castellito au mieux de sa forme, austérité d’une Isabella Rossellini solidaire de l’honnête papabile que joue Ralph Fiennes. C’est une sorte de Habemus Papam (Nanni Moretti, 2011) parfaitement futile et au fond très rigolo. Là où Moretti posait des questions décisives, pour un film absolument remarquable, Edward Berger joue au Cluedo. Hercule Poirot à la Sixtine ? Pourquoi pas ?
René Marx
Film anglo-américain d’Edward Berger (2024), avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, Isabella Rossellini, Sergio Castellito. 2h.