Critique

Publié le 16 octobre, 2024 | par @avscci

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The Outrun de Nora Fingscheidt

La comédienne irlandaise Saoirse Ronan fait partie de ces actrices dont les choix reflètent l’exigence. Sa seule présence à un générique est devenue en quelque sorte un gage de qualité. La réalisatrice allemande de Benni (2019) a trouvé en elle l’interprète idéale de The Outrun : une femme se réfugie sur une île de l’archipel écossaise des Orcades où elle se trouve confrontée aux spectres de sa jeunesse qu’elle a fuis pour reproduire les erreurs de ses propres parents et succomber à diverses addictions. Sa tentative de rédemption surhumaine la contraint à affronter ses vieux démons, à commencer par une mère toxique dont il n’y a rien à espérer. Le film joue habilement du contraste entre cette rebelle déchue qui change de couleur de cheveux en fonction de ses humeurs et un cadre naturel sauvage propice à toutes les tentations… Basé sur les mémoires d’Amy Liptrot, The Outrun ressemble à une montagne qu’on escalade avant de trébucher, de retomber et de repartir dans son ascension. Une structure qui pourrait constituer une épreuve ô combien laborieuse, tant l’objectif s’éloigne au fur et à mesure qu’il se rapproche. C’est compter sans la présence incroyable de Saoirse Ronan, plus lumineuse que jamais dans ce combat contre elle-même, mais déterminée à surmonter les démons qui la rongent et à briser la fatalité de sa dépendance. Nora Fingscheidt n’œuvre pourtant jamais dans le pathos et prend le contre-pied de la plupart des films consacrés à l’enfer de la drogue ou de l’alcool, ne serait-ce qu’en s’attachant à cette femme dans la tourmente, sans jamais la juger ni la condamner.

Jean-Philippe Guerand

Film britanno-germano-espagnol de Nora Fingscheidt (2024), avec Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane, Saskia Reeves 1h58.




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