The Apprentice de Ali Abassi

Comme son titre l’indique, The Apprentice est bel et bien un film d’apprentissage. Qui nous montre comment un jeune homme ambitieux parvient à construire un empire immobilier dans l’Amérique des années 70/80 avant que son bagou le mène jusqu’à la Maison Blanche. Notre homme, on l’aura reconnu, se nomme Donald Trump. Son modèle étant particulièrement haut en couleurs, il aurait été loisible à Ali Abassi, le signataire du film de nous secouer en tous sens. Il a choisi l’inverse, une certaine sagesse formelle consubstantielle du caractère urticant du fond. Aidé dans son ascension par un avocat qui n’a rien à lui envier en matière de cynisme (il n’est pas interdit d’évoquer un pacte faustien), le film nous montre avec beaucoup de finesse la façon dont l’élève finit par supplanter le maître. Pour rendre compte de la projection du film à Cannes, nous écrivions : « A l’heure de cette chronique, Trump mène la course en tête pour retrouver le Bureau Ovale à l’occasion des prochaines élections. » Depuis lors les cartes ont été rebattues (ce n’est plus le même candidat démocrate qui lui fait face) et rien n’est prévisible quant au résultat de la présidentielle. On sait que le sort de l’Amérique (du monde ?) dépend de l’humeur de quelques électeurs des faubourgs de Philadelphie (Pennsylvanie) ou des environs de Charlotte (Caroline du Nord) … On ne peut que leur conseiller de voir le (très beau) film d’Ali Abassi…

Yves Alion

Film americano canado dano irlandais de Ali Abbas (2024), avec Sebastian Stan, Jeremy Strong et Maria Bakalova. 2h.