Critique

Publié le 3 octobre, 2024 | par @avscci

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All we imagine as light de Payal Kapadia

Comme un petit miracle de sensibilité et de délicatesse, le premier long métrage de fiction de Payal Kapadia s’attache aux destins croisés de trois infirmières travaillant à Mumbaï, d’horizons et de générations différentes, mais toutes soumises aux injonctions de la société et au poids des traditions. La réalisatrice opte pour un récit en pointillés qui s’émancipe des contraintes de la narration traditionnelle et des artifices du cinéma performatif pour laisser respirer les différents fils narratifs qui s’entrecroisent. Elle ne verse donc jamais dans un cinéma purement “social”, mais propose au contraire une certaine école de l’observation et de la patience en nous immergeant dans les lieux et les ambiances, s’attardant ici sur un visage, là sur une scène de rue nocturne. Elle capte ainsi tout à la fois l’essence de l’Inde contemporaine dans laquelle s’ancre son intrigue, et le mille-feuille d’émotions qui étreignent ses personnages. Les relations amoureuses, mais aussi le lien d’amitié qui unit les trois héroïnes, forment le cœur du film, et permettent d’aborder, parfois de manière très suggérée, des questions brûlantes comme les mariages arrangés, la gentrification qui chasse les familles pauvres de la ville et le système de castes, mais surtout de parler des désirs individuels de chacune, et de la possibilité – en apparence toute simple – d’être maîtresse de son propre destin. Aussi lumineux que son titre le laissait présager, All we imagine as light véhicule délibérément une note d’espoir qui n’est ni mièvre, ni plaquée, et honore l’avenir.

Marie-Pauline Mollaret

Film indien de Payal Kapadia (2024) avec Kani Kusruti, Chhaya Kadam, Divya Prabha, Hridhu Haroon. 1h54.




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