Critique

Publié le 16 septembre, 2024 | par @avscci

0

Langue étrangère de Claire Burger

Belle idée que de prendre pour cadre d’un film l’un de ces séjours linguistiques que tant d’entre nous ont pratiqués en y apprenant bien plus que ce qu’ils étaient venus y chercher. Quand Fanny, adolescente plutôt renfermée, débarque dans sa famille d’accueil allemande, après une phase d’observation, elle trouve en sa correspondante une complice inattendue avec qui elle se trouve pas mal de préoccupations générationnelles communes. Au point de succomber à sa fascination pour Lena et d’adhérer à son engagement militant par pure empathie. Pour son deuxième film en solo après ce summum de délicatesse que constituait déjà C’est ça l’amour, titre qui pourrait aussi être celui de Langue étrangère, Claire Burger persiste et signe une magnifique chronique de l’âge des possibles en proie à la confusion des sentiments qui renouvelle un genre trop souvent galvaudé grâce à une rare justesse. Elle s’en remet pour cela à deux jeunes interprètes remarquables : l’irrésistible Suissesse Lilith Grasmug vue récemment dans Foudre et La Morsure et une révélation allemande en la personne de Josefa Heinsius. Avec pour mères deux authentiques stars : Nina Hoss et Chiara Mastroianni. Le film joue autant sur la complicité de ces deux jeunes filles jetées dans le grand bain de l’âge adulte que sur ce moment fugace où les enfants se mettent à voler de leurs propres ailes, au risque de les briser. Il émane de ce film un véritable miracle qui consiste à fixer ce moment magique où tout bascule dans l’ivresse de la métamorphose. Un cap incontournable mais universel que Claire Burger appréhende avec grâce.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-germano-belge de Claire Burger (2024), avec Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Chiara Mastroianni, Nina Hoss. 1h45.




Back to Top ↑