Critique

Publié le 15 juin, 2024 | par @avscci

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C’est pas moi de Leos Carax

Godard est mort, vive Carax ! On ne peut être vraiment étonné de voir qu’après la mort du Suisse préféré de la Nouvelle vague, Leos Carax se pose en héritier légitime de l’auteur de Pierrot le fou. Après tout, il y a effectivement une place à prendre. Mais il faut admettre que la vision de cet Histoires du cinéma adapté aux années 20 surprend un peu tout de même. Carax n’a jamais été vraiment godardien (Daney le voyait davantage comme un héritier d’Abel Gance), ce pastiche assumé et avéré des gestes du maître disparu ressemble donc moins à un passage de torche qu’à une récréation, et re-création, potache et respectueuse à la fois. Carax reprend donc cet art du collage d’archives, d’images, saupoudré de remarques profondes ou décalées, c’est selon, avec bien évidemment quelques provocations bien senties, par ailleurs pas vraiment assumées par le cinéaste. Le résultat est amusant, parfois touchant, relativement mineur malgré tout, car loin du panache romantique qui a toujours fait l’essence, le prix du cinéma de Carax. Ce dernier joue par ailleurs, pour la première fois, une carte très nouvelle chez lui, celle de la nostalgie, voire du fan service. Le post générique montre en effet, subitement, le retour de baby Annette, effectuant pour la caméra la course mythique de Denis Lavant de Mauvais sang sur fond de Modern Love de Bowie. Applaudissements garantis dans la salle, même si l’on peut trouver cet hommage un peu facile, ou vieillissant. Désormais, nous sommes apparemment aussi des boomers.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Leos Carax (2024), avec Denis Lavant et baby Annette. 0h42.




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