Critique

Publié le 31 janvier, 2024 | par @avscci

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They Shot the Piano Player de Fernando Trueba et Javier Mariscal

Ce n’est pas la première incursion de Fernando Trueba, par ailleurs l’un des plus grands cinéastes de l’Espagne contemporaine, dans le domaine de l’animation. Chico et Rita (2010) a laissé de très bons souvenirs… Mais si They shot the piano player reprend l’esthétique colorée et réaliste de Chico et Rita, ainsi bien sûr que son amour des musiques latino-américaines, le film est un véritable OVNI cinématographique… Parce que c’est à la fois un film musical, d’une beauté confondante, dont la partition est d’origine, celle enregistrée par ceux auxquels le film rend hommage. Un feu d’artifices de sons et de couleurs. Mais aussi un documentaire, puisque Trueba a lui-même enquêté sur la vie et la disparition (sa mort n’a jamais été officialisée) de Francisco Tenorio, ce pianiste brésilien qui a eu la chance d’accompagner une révolution musicale au pays de la Bossa nova et le malheur de s’être trouvé en Argentine lors du coup d’Etat des généraux. Et également un film autobiographique, Trueba n’étant jamais très loin du personnage central, ce jeune journaliste qui jour après jour reconstitue les étapes de la vie du pianiste. Les images dessinées sont d’ailleurs une représentation de ses propres images, filmées au cours de dizaines d’heures d’entretiens avec les protagonistes survivants de l’histoire. Mais aussi un film politique. Trueba avait d’une certaine manière annoncé la couleur dans La Fille de tes rêves, l’histoire du tournage d’un film espagnol en Allemagne nazie. L’occasion de confronter le geste artistique aux heures les plus noires de l’Histoire. A ses yeux la dictature est l’exact contraire de la générosité qui s’exprime dans un morceau de jazz. Ou dans un film… On ne saurait luis donner tort…

Yves Alion

Film d’animation hispano-franco-hollando-porto-péruvien de Fernando Trueba et Javier Mariscal (2022), avec les voix de Jeff Goldblum, Roberta Wallach, Tony Ramos. 1h43.




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