Publié le 29 octobre, 2023 | par @avscci
0Second tour d’Albert Dupontel
Mademoiselle Pove, journaliste d’investigation placardisée dans la rubrique football à cause de sa langue bien pendue, est sollicitée pour suivre entre les deux tours Pierre-Henry Mercier, favori de la prochaine élection présidentielle. Elle compte bien en profiter pour déterrer les vérités qu’elle devine tapies sous le costume de cet héritier bourgeois sorti de nulle part. Loin de n’être qu’un pantin assujetti aux grands groupes industriels et autres factions peu reluisantes, ce novice moins lisse qu’en apparences cache des squelettes dans son présent et dans son passé…
Le ton grinçant employé par Albert Dupontel pour ridiculiser le monde politique et les médias d’information aurait pu avoir un côté « tous pourris », mais le registre qu’il met en avant est celui du pastiche, souhaitant divertir plus que de se risquer au vrai brûlot politique. C’est parfois regrettable, car le propos touche juste lorsqu’il interroge avec ironie le mensonge en politique, qui peut servir les pires intérêts ou cacher de nobles intentions, la frontière pouvant s’avérer poreuse. La partie comique est efficace mais le résultat devient plus convenu lorsque la dimension sérieuse de thriller engagé à l’américaine prend les devants.
Albert Dupontel raconte avoir trouvé l’inspiration en regardant un documentaire sur Bobby Kennedy qui savait que sa vie était en danger lorsqu’il menait sa campagne présidentielle en 1968 et a pourtant continué avant d’être effectivement assassiné. C’est d’ailleurs lui qui a prononcé la phrase : « la seule façon de renverser le système, c’est d’appartenir au système », placée en exergue du film. Elle accompagne le plan absurde conçu autour du protagoniste qu’incarne Dupontel, et qui n’est pas celui qu’il prétend être, à bien des titres.
L’acteur-réalisateur est certes très présent à l’écran mais c’est Cécile de France qui donne son tempo à cette comédie au dynamisme certain. Elle est piquante en journaliste féroce qui fait peur à tout le monde, surtout à son patron, contraint de la choisir car personne d’autre n’était disponible. Elle fait semblant d’être aux ordres mais ne va rien céder de sa pugnacité, au contraire de nombre de ses collègues, dans le film mais hélas aussi dans la vie réelle. À ses côtés, le fidèle Nicolas Marié (César du second rôle pour Adieu les cons) est savoureux en partenaire complice d’un duo souvent hilarant, surtout dans la première partie où les comédiens ne cessent de se renvoyer la balle dans un ping-pong verbal et physique qui emporte l’adhésion.
Pascal Le Duff
Film français d’Albert Dupontel (2023), avec Cécile de France, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Uchan . 1h37.