Nope de Jordan Peele

“– What’s a bad miracle? They got a word for that? – Nope.”

La signification du titre un peu obscur nous est dévoilée très rapidement, « nope » devient l’antonyme de miracle et sera associée par extension à cette forme horrifique qui survole la plaine californienne. En parallèle, le réalisateur Jordan Peele nous raconte la tragique histoire d’un singe domestiqué atteint d’une folie meurtrière sur un plateau de télévision. Quel lien avec les « aliens » ? Eux-mêmes seront exploités comme bêtes de foires pour servir la richesse et la célébrité des hommes, le domptage devient ainsi le déclencheur d’une rébellion, tentative désespérée pour un retour à l’état sauvage. Qui est donc réellement le méchant dans l’histoire ? Le réalisateur nous pose clairement la question.

Jordan Peele évoque également le pouvoir des images ; s’il ne faut pas regarder le monstre pour lui échapper, la caméra argentique devient l’outil idéal pour capturer l’impossible, pour dévoiler au monde entier son existence. Alors que le fameux « cheval au galop » d’Eadweard Muybridge a permis de décomposer le mouvement de l’animal et ainsi de découvrir que pendant un bref instant il avait les quatre fers en l’air, les clichés pris de la bête permettent de la voir dans toute sa métamorphose. Mais si le cinéma a cette capacité de dévoiler le réel, il révèle également notre addiction pour le sensationnel. Le pouvoir des images n’est pas à prendre à la légère, Jordan Peele nous montre au contraire, toute l’horreur qui peut se cacher derrière.

Camille Sainson

Film américain de Jordan Peele (2022), avec Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun. 2h15.