Critique La chance sourit à Madame Nikuko

Publié le 9 juin, 2022 | par @avscci

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La chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu Watanabe

Nikuko respire la joie de vivre. Dans un Japon où seuls les combattants sumo ont droit à l’embonpoint, cette mère célibataire affiche des rondeurs coupables qui reflètent sa conception hédoniste de l’existence. Le jour où elle part s’installer dans un village de pêcheurs et se fait engager dans un restaurant traditionnel, elle trouve un nouveau sens à sa vie, malgré ses relations houleuses avec son adolescente de fille, Kikurin. La chance sourit à Madame Nikuko s’inspire d’un best-seller de Kanako Nishi dont un humoriste renommé a confié l’adaptation à l’auteur des Enfants de la mer (2019), Ayumu Watanabe. Son personnage principal est une matrone atypique, à la fois en raison de sa corpulence assumée, qui reflète son goût pour les bonnes choses, et de son caractère extraverti qui tranche là aussi avec la retenue ambiante. La chance sourit à Madame Nikuko est une fable résolument souriante qui soulève toutefois des questions existentielles fondamentales en les inscrivant dans un cadre traditionnel. Sous l’impulsion du directeur de l’animation Kenishi Konishi qui utilise ici les pinceaux et les brosses avec une virtuosité impressionnante, en donnant une grâce aérienne à cette chronique intimiste. Cette tranche de vie souvent désopilante et parfois poignante constitue une délicieuse immersion dans un Japon éternel perpétué pendant des décennies par des maîtres de l’intimisme tels que Yasujiro Ozu ou Mikio Naruse, sans folklore ni pittoresque. C’est l’apanage de l’animation de pouvoir emprunter les voies les plus singulières, sans pour autant se figer dans une admiration béate.

Jean-Philippe Guerand

Gyokou no Nikuko-chan Film d’animation japonais d’Ayumu Watanabe (2021), avec (voix) Cocomi, Shinobu Ôtake, Izumi Ishii 1h37.




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