Critique

Publié le 28 février, 2024 | par @avscci

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Sleep de Jason Yu

Le premier film de Jason Yu, 34 ans mais pas premier ministre, disciple de Bong Joon-ho et son assistant sur Okja, lui permet de déployer un grand savoir-faire, de dépenser brillamment son énergie pour faire crépiter sa maîtrise du genre « film d’horreur domestique ». Comme tout le monde, le cinéaste garnit pour commencer son générique de bruits annonciateurs, ici le doux ronflement d’un bonhomme endormi. On s’introduit chez un gentil petit couple. La jeune dame appelle son mari « chouchou », il a le sommeil lourd mais ne paraît pas méchant. Jason Yu amène patiemment la catastrophe annoncée : Chouchou est somnambule et fracasse le bonheur conjugal sans se réveiller quand il faudrait. Exercice de style, bien sûr, mais c’est tant mieux, car c’est d’abord la démonstration d’habileté du cinéaste qui entraîne le spectateur. Film formidable, film d’angoisse, film de fantômes, film même où sont maltraités petits chiens et voisines bizarres. Mais la réalité rattrape le cinéma, sinistre réalité qui aurait mieux fait de ne jamais pointer son sale nez. Lee Sun-kyun, qui joue le mari, et qui était Monsieur Park dans Parasite, s’est suicidé le 27 décembre 2023 trois jours après un interminable interrogatoire de la police au sujet de sa supposée consommation de cannabis. Sa mort a déclenché en Corée la protestation de 2000 artistes contre le harcèlement médiatique et policier.

René Marx

Jam. Film sud-coréen de Jason Yu (2023), avec Jeong Yu-mi, Lee Sun-kyun. 1h35.




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