Nostalgia de Mario Martone

Felice, après quarante ans d’absence, un très long séjour en Égypte, sa conversion à l’Islam, retrouve Naples, sa ville natale, et part à la recherche d’Oreste, l’ami qu’il a abandonné, qu’il pense avoir trahi. Il renoue avec sa mère âgée, retrouve une ville, un monde perdus. Il erre dans le quartier de la Sanità, où est né le génial comédien Totò. Felice s’abandonne à cette errance, se soumet aux figures labyrinthiques de son adolescence inachevée et d’un quartier souffrant. Un quartier où se côtoient les criminels, dont Oreste, devenu un boss de la Camorra, un « malommo » et les militants de l’avenir, dont un prêtre héroïque, inspiré du père Loffredo. Mario Martone a demandé à l’acteur romain Pierfrancesco Favino de se faire Napolitain comme il s’était fait Sicilien pour Le Traître de Marco Bellocchio en 2019. En filmant sa ville et ce quartier qu’il avoue avoir redécouverts, le cinéaste s’est soumis au hasard des rencontres, à partir d’un scénario très écrit, adapté d’un roman d’Ermanno Rea publié en 2016. Martone avait décidé dès le début de mettre à égalité les comédiens professionnels et les habitants anonymes. Metteur en scène de théâtre, d’opéra, de télévision et de cinéma (fiction et documentaire), artiste infatigable et généreux, Martone avait réalisé le magistral Leopardi, Il Giovane favoloso et Capri-Revolution, sortis en France respectivement en 2015 et 2019. Puis deux autres longs métrages que nos distributeurs ont inexplicablement négligés. La sortie en ce début 2023 de Nostalgia, qui était en sélection officielle à Cannes en mai 2022, est donc une bonne nouvelle.