Critique

Publié le 23 janvier, 2024 | par @avscci

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Le Dernier des Juifs de Noé Debré

Un jeune homme vivant dans une cité de banlieue avec sa mère depuis toujours se trouve confronté à la perspective de quitter ce lieu où il a grandi et que la communauté juive a déserté peu à peu. Un déménagement qui prend l’allure d’une révolution copernicienne, car il le contraint malgré lui à assumer ses responsabilités en tant qu’adulte. Pour son premier film, le scénariste Noé Debré, nommé au César pour Dheepan de Jacques Audiard, un autre film de banlieue, creuse une veine très personnelle. Le Dernier des Juifs est le portrait d’une société en pleine mutation à travers deux de ses représentants qui n’ont pas vu le temps passer ni le monde changer autour d’eux : la mère recluse que campe Agnès Jaoui dans une composition bouleversante qui évoque les grandes égéries du cinéma méditerranéen où le rire n’est jamais loin des larmes et ce garçon qui refuse de grandir par peur d’affronter ses responsabilités d’adulte. Il convient de louer ici la composition toute en finesse de Michael Zindel qui se glisse dans la peau de cet observateur accroché à des souvenirs magnifiés. Il y a aussi quelque chose de l’esprit nostalgique de Goodbye Lenin ! dans ce jeu de faux-semblants et de mensonges qui s’accroche à cette idée illusoire qu’il est préférable de prolonger le passé plutôt que d’affronter le présent et a fortiori l’avenir avec leur chapelet d’imprévus. Cette variation poétique autour du fameux “c’était mieux avant” manifeste toutefois moins d’aigreur que de regrets, dans l’esprit d’une recherche du paradis perdu qui va de pair avec un refus de grandir pas si déraisonnable que cela.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Noé Debré (2023), avec Michael Zindel, Agnès Jaoui, Youssouf Gueye, Solal Bouloudnine, Eva Huault. 1h29.




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