Publié le 20 décembre, 2017 | par @avscci
0Critique – Wonder de Stephen Chbosky
Handicapé par une malformation de naissance qui lui a valu de subir une multitude d’interventions chirurgicales lourdes, Auggie Pullman n’intègre le système éducatif qu’à la fin de l’école primaire et se retrouve littéralement projeté en milieu hostile, tant ses camarades manifestent peu de bienveillance à son égard. Avant de devenir un film, Wonder a été un best-seller vendu à cinq millions d’exemplaires et considéré comme une dénonciation salubre du harcèlement scolaire. Difficile de faire la fine bouche face à un tel déluge de bons sentiments. Dans la foulée du plaidoyer pour le droit à la différence que constituait déjà son opus précédent, Le Monde de Charlie, ô combien plus subtil, le réalisateur Stephen Chbosky n’y va d’ailleurs pas de main morte et n’hésite pas à nous prendre en otage sur le plan affectif. Sur une thématique qui évoque irrésistiblement à travers la difformité de son héros Elephant Man de David Lynch et Mask de Peter Bogdanovich, Wonder ne fait pas vraiment dans la nuance. Le petit Jacob Tremblay (l’enfant martyr de Room) adopte des mimiques qui feraient pâlir de jalousie n’importe quel Mogwaï échappé de Gremlins. Quant à l’émotion, elle est fabriquée ici avec une maladresse confondante qui ne laisse pas la moindre marge de manœuvre aux comédiens, à l’instar de Julia Roberts et Owen Wilson préposés à sourire en permanence, comme pour faire front contre l’adversité. Ce film racoleur et manipulateur à outrance dessert la cause qu’il prétend défendre.
Jean-Philippe Guerand
Film américain de Stephen Chbosky (2017), avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay. 1h 53.